La psychologie sportive, un outil des coachs de la nouvelle génération?
Ce sujet m’est venu à l’esprit suite à notre chronique de la semaine dernière où je faisais la nomenclature des allées et venues des joueurs entre le Canadien et son club-école et que tu m’as demandé, Raymond, si les dirigeants ne faisaient pas preuve d’improvisation. J’ai alors répondu, notamment, que je ne voudrais pas être dans leurs « culottes ». Et ce n’est pas la première fois que je me questionne, que me demande ce que je ferais à leur place, que je cherche moi aussi des solutions, comme une vraie gérante d’estrade.
Je me rappelle également, l’année dernière, quand le Canadien allait très mal et que Guy Carbonneau, en plein « scrom » avec les journalistes a vidé son sac et a avoué être à bout de solutions. J’essayais de me mettre à sa place et je me demandais ce que ça pouvait bien prendre pour se sortir de cette léthargie. Un entraîneur, malheureusement, a bien beau tout ce qu’il peut, il n’en demeure pas moins que ce n’est pas lui qui chausse les patins et manie le bâton. Carbonneau l’a déjà fait, mais ce n’était plus son rôle. Certes, il avait l’avantage de pouvoir comprendre ses joueurs, mais encore là, le sport a tellement évolué que les joueurs d’aujourd’hui ne sont plus comme ceux des années 80 à plusieurs niveaux.
Donc, bien que peu expérimenté en tant qu’entraîneur, Guy Carbonneau avait sûrement utilisé plusieurs des ressources à sa disposition pour se dire à bout de solutions et ça ne fonctionnait pas pour autant. Depuis ce temps, les choses ont bien changé : l’organisation a choisi, pour tenter de régler la situation, de changer l’entraîneur lui-même et, de faire un changement massif dans le personnel de joueurs et d’entraîneurs. 12 joueurs qui étaient de l’alignement l’an dernier n’y sont plus cette année. Dans l’alignement actuel, il y a 8 nouveaux joueurs sur un total de 24, ce qui représente le tiers de la formation. Au niveau du personnel d’entraîneur, seul l’entraîneur-adjoint Kirk Muller, un ancien joueur du Canadien, a conservé son poste.
Tout cela m’a fait réfléchir et je me suis demandé si, rendu à ce point, un entraîneur qui aurait des notions de psychologie sportive n’aurait pas quelques cartes de plus dans sa manche lorsque toutes les tactiques et stratégies habituelles ont été tentées, souvent en vain. J’avoue que ça ne doit pas être évident d’être un entraîneur à ce niveau. À un moment donné, je me suis même dit que les joueurs devraient tous passer en consultation avec un « psy » pour essayer de comprendre ce qui se passait!
Suite à une discussion avec mon propre frère qui est un sportif depuis toujours, joueur de football pendant huit ans au niveau secondaire et collégial, entraîneur à ces niveaux depuis plus de quatre ans et un véritable autodidacte du sport, j’ai pu mettre la main sur un livre fort intéressant intitulé la psychologie sociale du sport. Voici différents sujets et concepts qui y sont traités : les relations, la communication et les conflits entre entraîneur et entraîné et entre les pairs, le leadership et la dynamique de groupe, l’impact du public, le climat motivationnel créé par l’entraîneur et les pairs, les processus sociaux et cognitifs comme l’image de soi physique, les croyances d’efficacité et la perception des personnes.
Bien entendu, mais malheureusement, je n’ai pu passer au travers les 400 pages de ce livre cette semaine. Écrit par deux professeurs universitaires en psychologie du sport, il m’est apparu vraiment fort intéressant pour moi qui n’est même pas une entraîneuse, mais qui est seulement intéressée par le sport. J’estime que les entraîneurs, et surtout ceux de haut niveau, devraient s’intéresser à ce genre de sujet là et tenter de parfaire leurs connaissances dans ce domaine. On offre de la formation continue aux employés en entreprise, alors pourquoi les coachs professionnels !
À mon avis, la nouvelle génération de coach sera sûrement plus sensibilisée à utiliser la psychologie sportive pour mieux diriger leurs athlètes professionnels. Justement, parmi les personnalités sportives plus jeunes qui ont un « background » dans le domaine, mentionnons l’exemple de Dany Dubé qu’on a connu pour sa collaboration à Salut Bonjour à la fin des années 1990 et qui est aujourd’hui à l’analyse des matchs du Canadien à la radio. Lui qui se destinait vers une carrière d’entraîneur est un diplômé universitaire. Il a été professeur en éducation physique et détient une licence en enseignement, spécification du coaching et psychologie sportive. Tout le bagage qu’il faut pour diriger une équipe de hockey. C’est ce qu’il a fait un certain temps, mais en 1991, il a vraiment apprécié sa première expérience dans les communications en tant qu’analyste à Radio-Canada, lors des séries de la Coupe Stanley qu’il a poursuivi dans ce domaine.
Et enfin, il ne faudrait pas oublier de parler du nouveau coach des Bulldogs de Hamilton, Guy Boucher, qui a commencé sa carrière de coaching dans le hockey à la mi-vingtaine et qui est aussi un diplômé universitaire. D’accord, sa formation de base n’a pas de rapport avec le sport (histoire et biologie environnementale), mais il a également entrepris des études de maîtrise en psychologie sportive justement.
Aujourd’hui âgé de 38 ans, on le voit déjà comme le prochain coach du Canadien, quand Bob Gainey sera mis à la porte et que Jacques Martin prendra sa place. Selon moi, le Canadien a vraiment fait un bon coup en l’attirant dans son organisation parce qu’on dit de Guy Boucher qu’il est l’un des meilleurs jeunes coachs que le Québec ait produit ces 20 dernières années et qu’il a la réputation d’être un excellent pédagogue et un fin psychologue. Le DG qui l’avait engagé chez les Voltigeurs de Drummondville où il a coaché avant d’arriver à Hamilton disait que Boucher est le mélange idéal des entraîneurs motivateurs d'antan et des enseignants d'aujourd'hui. «Une main de fer dans un gant de velours», résumait-il.
Discrimination par rapport aux joueurs québécois dans la LNH
Je n'ai pas eu le temps d'aborder ce sujet ce matin sur les ondes, mais voici mon opinion à ce propos. Personnellement, je trouve qu’il n’y a pas lieu d’en faire tout un plat. On a sorti tout plein de statistiques pour nous montrer que le nombre de joueurs québécois qui jouent ou qui sont repêchés dans la LNH baisse depuis plusieurs années et on mentionne même que le départ des Nordiques aurait eu un effet là-dessus. On peut faire dire toutes sortes de chose à des chiffres, mais bref, la statistique que j’aurais aimé voir et qui, selon moi, aurait été significative, c’est de comparer les joueurs repêchés ou les joueurs qui évoluent dans la ligue nationale par rapport à la population de leur pays d’origine. Peut-être qu’on verrait que sur 7 millions de population au Québec, notre représentativité n’est pas si pire. Je ne sais pas, mais je pense que ça aurait été intéressant de la part des experts de nous sortir cette statistique!